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Learning by doing : qui sont ces étudiants qui entreprennent ?

Ils sont de plus en plus à passer le cap : les jeunes qui lancent une activité professionnelle alors qu’ils usent toujours les bancs universitaires (ou des hautes écoles) sont près de 44% plus nombreux en moins de trois ans. Le dernier gouvernement fédéral avait reconnu officiellement le statut d’étudiant-indépendant en 2017. Mais concrètement, qu’est-ce que ça change ?

La force sociologique

Être un étudiant-indépendant reconnu, ça signifie concrètement ne payer que très peu voire aucune cotisations sociales, dans la mesure où on affiche un bénéfice annuel inférieur à 13.550,50€. Un incitant financier qui peut séduire, mais qui n’influence pas tellement les jeunes concernés. Sophie Joris est directrice de l’incubateur liégeois VentureLab. « C’est une reconnaissance des autorités de l’État fédéral qui dit « On soutient que tu étudies et que tu travailles pour entreprendre en même temps. » C’est un encouragement à gérer cette double-vie, ça ouvre à de nouvelles façons de penser qui peuvent influencer les professeurs et les parents qui auraient été réticents au départ. » Selon les facultés, des aménagements seront d’ailleurs plus facilement acceptés pour ces étudiants particuliers reconnus. « C’est comme avoir une carte d’identité qui reconnait qu’on est étudiant et entrepreneur en même temps, et qu’on peut utiliser pour demander : me soutenez-vous dans ce projet ? », ajoute Sophie Joris.

Un enthousiasme générationnel ?

Le VentureLab s’est penché sur une étude selon laquelle 93% des moins de 30 ans ont envie d’entreprendre, mais 3% seulement passent le cap, malgré le soutien du fédéral. Un gap important qui ne s’explique pas par des manques de moyens, d’idées ou de possibilités. La confiance en soi reste finalement un moteur très fort pour se lancer. Mais la directrice du VentureLab est confiante et constate que les choses sont en train de changer au niveau sociologique. « Ces cinq dernières années, la parole des jeunes et les innovations qu’ils apportent sont beaucoup plus portées et écoutées qu’avant, tant au niveau politique qu’au cœur des entreprises. Il y a tout un environnement qui crée cela, notamment grâce à ce qui a été mis en place par les gouvernements. » 

Learning by doing

Avoir de bonnes idées, ce qu’il faut de courage et de soutien, c’est bien, mais ce n’est pas suffisant. Sophie Joris insiste également sur l’importance de s’organiser. « Au VentureLab, on reste persuadé qu’il faut d’abord réussir ses études, aller jusqu’au bout pour confirmer son projet. Mais en tant qu’incubateur, on est là pour leur permettre de tester, de se former sur le terrain. Le « learning by doing » c’est quelque chose d’exceptionnel si on arrive à gérer ses deux vies. Pour certains jeunes c’est compliqué, et ce n’est pas grave. Ils y reviendront plus tard.»

 


VentureLab

En tant qu’incubateur qui aide les étudiants et jeunes diplômés de l’enseignement des provinces de Liège et de Luxembourg, le VentureLab se présente souvent comme « Le chaînon manquant dans le soutient à l’entrepreneuriat des étudiants lorsqu’il s’agit de passer à l’acte. » Avec un espace de co-working, des formations mais aussi un accompagnement assuré par des entrepreneurs reconnus, les jeunes sont suivis à toutes les étapes de création de leur entreprise, renforcés par l’expérience et le réseau des professionnels qui les entourent.
Plus d’informations sur le site internet : www.venturelab.be


 

L’engagement

Finalement, est-ce que tout ça serait surtout une question de profil, de personnalité ? Certaines qualités intrinsèques sont en tout cas indispensables, selon la directrice du VentureLab. « On observe que ceux qui mènent leur projet jusqu’au bout ont un taux de réussite plus élevé, malgré cette double-vie et les impératifs qu’elle induit. Ils ont en fait une meilleure disposition à s’organiser, pour pouvoir bien fonctionner dans leur double-engagement. C’est la porte d’entrée, c’est essentiel, et ça ne s’apprend nulle part ! Le tout c’est d’être clair sur ce qu’on veut et dans quoi on s’engage. »

Leurs secteurs

Ces dernières années, les étudiants entrepreneurs débordent surtout d’idées autour de ce qui tourne autour de l’agro-alimentaire, depuis les bière artisanales jusqu’aux couverts alimentaires dans la lutte contre le plastique. Il y a aussi beaucoup de services aux personnes autour du bien-être et de la santé, avec une belle place accordée à l’IT en tant qu’outil. « Du côté des business-plans, les jeunes commencent généralement par avoir des idées en B2C, basées sur leur expériences des choses et de l’économie. Mais quand ils sont accompagnés par des entrepreneurs confirmés, ils changent vite de point de vue et se tournent alors vers le B2B », conclut Sophie Joris. Des jeunes enthousiastes, flexibles, organisés et pleins d’idées qui seront assurément les grands indépendants de demain… voire de maintenant.

Auteur: Lucie Hernant